En créant une nouvelle ligue, qui débutera ce week-end, la discipline veut sortir de l’ombre dans laquelle elle vit depuis une vingtaine d’années.
Une éternité pour une discipline qui avait apporté au pays son premier titre olympique dans un sport collectif en 1924 à Paris. Une discipline tombée peu à peu dans l’oubli depuis vingt ans, en raison de conflits récurrents entre ses responsables et la Fédération française de natation, à laquelle elle est affiliée. «À une époque, de manière très utopiste, un certain nombre de responsables du water-polo ont imaginé se dissocier de la Fédération française de natation pour créer une Fédération de water-polo, ce qui est inimaginable et qui n’a jamais vu le jour», rappelle Francis Luyce, président de la FFN.
Pour mettre fin aux querelles de clocher et à un grand amateurisme (quatre des douze équipes de première division n’ont pas de bassin aux dimensions réglementaires !), les responsables du water-polo ont donc revu leur copie. Après moult discussions avec la Fédération française de natation, ils ont créé, en janvier dernier, la Ligue promotionnelle de water-polo (LPWP). «On était le seul sport d’équipe en France à ne pas disposer d’une ligue pour la gestion de ses championnats de première division», fait remarquer Marc Crousillat, président de cette LPWP et père d’Ugo. Ancien international ayant participé aux JO avec les Bleus, Crousillat veut «faire sortir le water-polo de l’ombre» en le structurant et en travaillant sur son image. «Aujourd’hui, on part vraiment de loin. Il y a même des gens qui croient qu’on joue avec des chevaux dans l’eau», souriait-il vendredi dernier lors de la présentation de la saison qui démarrera ce week-end avec la première journée du championnat désormais baptisé Pro A. Pour se faire connaître, la LPWP s’est adjoint les services d’une agence de relations presse et compte par exemple produire les résumés vidéo d’une affiche par journée pour les mettre à disposition des diffuseurs.
En dépit de l’appellation Pro A, le water-polo reste néanmoins un sport semi-amateur. Moins d’une centaine des 12.000 licenciés que compte la France sont professionnels en première division. Majoritairement des étrangers, issus de l’ex-Yougoslavie. Dans cette région, le water-polo est presque une religion, même si le nombre de licenciés y est parfois bien moins important qu’en France. Championne du monde l’été dernier, la Hongrie ne compte ainsi que 4000 licenciés. Le Monténégro, 1000 seulement. «Dans ces pays, ils ont mis en place des structures pour faire travailler les jeunes et les amener au haut niveau. Nous, on a beaucoup de licenciés mais on n’a pas mis en place de schéma de travail», déplore Crousillat.
Ce sera l’un des objectifs de cette LPWP, forte de ses 150.000 euros de budget, de sa charte chargée d’encadrer le statut du joueur professionnel (charte rédigée par un joueur international français, Alexandre Camarasa) et d’une volonté affichée de structuration. À partir de 2014-2015, aucun club ne pourra ainsi évoluer en Pro A sans un bassin réglementaire, «une règle incontournable, que personne n’avait voulu imposer jusque-là», affirme Luyce. «La Fédération est en position d’attente et nous demande de faire nos preuves : on va donc lui montrer de quoi on est capables», promet Ugo Crousillat.
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